Un retour dans le passé


Il y a quelques mois, lors d’un salon de la pêche dans ma région, j’ai mis la main sur deux petits moulinets Mitchell 304. Quelque jours plus tard, je me suis mis à la recherche d’une canne en bambou refendu pour compléter l’ensemble. Objectif, la sortir de temps en temps et pêcher en toute simplicité. Une canne, une épuisette, un tapis de réception et quelques appâts.

Pour ma dernière matinée de pêche au bord de l’eau dans le Puy de dôme, je vais donc faire le choix de sortir ce matériel “vintage”. La veille, avant de retourner au fourgon, j’ai discuté avec un pêcheur à la grande canne. Je lui ai tout naturellement demandé s'il comptait revenir pêcher le lendemain. Sa réponse négative me conforte donc pour prendre la suite demain matin pour une pêche de quelques heures. Hors de question pour moi de m’imposer sur le poste s'il compte revenir. Je vais donc profiter de son amorçage et après son départ j’irai y ajouter quelques appâts afin que les carpes trouvent quelques billes sur le spot.

Je crois que vous l’avez compris, mais le choix du poste avec de préférence un petit amorçage en amont a ma préférence. Pour ces pêches rapides de quelques heures à une journée, j’aime la veille avoir déposé quelques appâts et encore plus si je mets bout à bout quelques pêches rapides sur un même poste.
   

Réveil encore une fois très matinal et je prends la direction du bord de l’eau. Cette fois encore plus léger que d’habitude. La canne, de quoi faire quelques montages simples en nylon, 500g de bouillettes et les indispensables épuisette et tapis de réception pour le bien être du poisson.

Arrivé sur le poste et comme les jours précédents le poisson se montre des sauts au milieu du plan d’eau et des fouilles à proximité de la zone amorcée la veille. La première chose que je fais c’est d'ajouter tout de suite une vingtaines de bouillettes en 15mm sur la zone à mes pieds afin de garder le poisson sur la zone amorcée la veille.

Je prépare un montage au cheveux tout basique en nylon d’une vingtaine de centimètres. je passe une agrafe feeder sur le corps de ligne et y fixe un petit plomb cube de 20g. Côté esche une petite bouillette de 15mm. La ligne est placée en toute discrétion à quelques mètres du bord, la canne est quant à elle posée sur une branche du buisson devant moi. Commence l’attente, n’ayant pas apporté avec moi la technologie récente de la pêche moderne de la carpe. Je suis attentif au tressaillement du scion, la ligne est légèrement tendue pour ne pas que le poisson sente trop de résistance sur celle- ci.

 

Il ne s’est passé qu’une trentaine de minutes que la pointe de la tige de bambou se met à plier violemment. Pris de contact, c’est bien une carpe. Les sensations sont impressionnantes, je ressent le moindre mouvement du poisson, le cliquetis du moulinet me ramène à pas mal d'années en arrière. Quand j’étais pus  jeune je passais énormément de temps au bord de la mare du gabion de mon grand père. Il y avait toujours sur place quelques vieilles cannes avec de vieux moulinets et le cliquetis de frein qui résonne telle une sonnette de vélo. Je ne cherchais pas encore les carpes au début des années 90, quelques lombrics en espérant attraper quelques anguilles.

Le poisson prend du fil, et je le laisse faire pas d’obstacle en vue, cela me permet de la travailler gentiment. Je suis surpris tout de même par la réserve de puissance de cette canne, j’arrive à bien contrôler le poisson. Mais seulement quelques minutes de combat et il se décroche. Pour ma première carpe sur cette canne c’est vraiment dommage. Il faut que j’apprenne à être un peu plus doux avec ce matériel. Je remet en place mon montage en vérifiant avant le piquant de l'hameçon.

Il me faut attendre une bonne heure avant de revoir de l’activité sur la zone amorcée. C’est la contrainte de la pêche de bordure, le travail du poisson ce faisant sur la zone amorcée, il faut donner du temps au poisson pour revenir sur la zone. C’est d’ailleur une approche à laquelle je réfléchis de plus en plus étant donné que je pratique en grande majorité dans mes pieds. Peut être amorcer 1 ou 2 autres postes et bouger après chaque touche. 


 

Les fouilles et quelques mouvements d'eau trahissent la présence de carpe sur la zone, la densité de poisson semble assez importante et ils reviennent assez vite sur le coup. Le scion se met également à bouger lorsque les poissons passent dans le fil. Mais quelques minutes plus tard la canne se plie franchement et c’est reparti pour un tour. C’est vraiment, mais vraiment plaisant de pratiquer de cette façon, je pensais le faire une à deux fois par an. Mais le plaisir est tellement intense que je vais sûrement pratiquer de cette façon plus régulièrement. Le poisson n’est pas énorme, mais il rejoint l’épuisette et le tapis de réception le temps de faire quelques images.

Le reste de la matinée sera calme et je prendrai la route direction le Cantal, pas de pêche mais la visite du lac de Grandval et son viaduc de Garabit dont l’ingénieur est un certain Gustave Eiffel.


 

Et n’oubliez pas de prendre du plaisir en restant simple, ceci n’est que de la pêche.